Dans les années 1970 et 1980, 14 tunnels ont été creusés en haute altitude sur ce qui est aujourd’hui le site de l’enclave minière des monts Nimba. Ces tunnels, ou « galeries d’accès », faisaient environ 2 mètres de haut et 1,5 mètres de large, et faisaient de 15 à 240 mètres de profondeur. Ils étaient principalement destinés à la cartographie de la structure géologique des montagnes, dans les cas où le forage était difficile.
D’après le personnel présent à l’époque, les chauves-souris ont commencé à coloniser ces galeries 6 à 9 mois après leur création. Aujourd’hui, elles abritent des milliers de chauves-souris. Cependant, ces galeries n’avaient pas été construites pour vocation de subsister, et de nombreuses se sont effondrées de façon naturelle, que ce soit de l’intérieur, barrant l’accès à une partie du tunnel, ou bien à l’entrée, refermant totalement la galerie.
La SMFG a engagé plusieurs spécialistes des chauves-souris pour étudier ces dernières, en particulier l’ONG Bat Conservation International (BCI). BCI a entrepris plusieurs enquêtes de terrain dans les galeries d’accès et les grottes naturelles des monts Nimba. L’ONG a développé une banque d’enregistrements recensant les cris des chauves-souris de haute altitude des monts Nimba. Des cris sont enregistrés grâce aux entrées des galeries depuis 2017. Avec ces outils, BCI et la SMFG acquièrent une compréhension de l’utilisation des galeries, en particulier quelles chauves-souris utilisent quelles galeries et à quel(s) moment(s) de l’année.
Ceci revêt un intérêt particulier pour la conservation de la chauve-souris à feuilles rondes de Lamotte, Hipposideros lamottei, classée espèce en danger critique d’extinction par l’UICN. Cette chauve-souris a été observée uniquement dans la partie guinéenne des monts Nimba. Si de petites populations ont été trouvées dans les grottes naturelles du Site du patrimoine mondial, la majeure partie de sa population connue vit dans les galeries minières. Toutes les galeries dans lesquelles vivent les chauves-souris à feuilles rondes de Lamotte se trouvent à différents stades d’effondrement, et disparaîtront toutes avec le temps.
BCI et la SMFG ont par conséquent étudié en détail l’intérieur des galeries, mesurant leur température, humidité et structure, la distance depuis l’entrée et d’autres paramètres. BCI a identifié des caractéristiques qui semblent importantes pour les chauves-souris, en particulier pour H. lamottei. En utilisant les recommandations de BCI, la SMFG engage une firme d’ingénierie pour déterminer quels seraient les meilleurs emplacements et les meilleures manières de creuser de nouveaux tunnels pour les chauves-souris. Ceux-ci seraient renforcés pour durer plusieurs siècles, dans un habitat adapté et à l’écart des endroits où les chauves-souris pourraient être dérangées par un projet d’exploitation minière.
La SMFG est devenue la gestionnaire de ces chauves-souris, mais avec ou sans exploitation minière, les galeries sont condamnées. En partenariat avec BCI, la SMFG cherche à assurer la survie à long terme de la chauve-souris à feuilles rondes de Lamotte et espère même pouvoir augmenter sa population.